Chroniques PopNews par Michaël Choisi

Volume 1 – Folk/Pop : http://www.popnews.com/popnews/v-a-farfi-z-a-sessions-volume-1

Au début fut le Farfisa (avec un « s »). Projet au point de départ original, les Farfiza Sessions remettent ce clavier mythique, d’origine italienne mais très populaire dans le Nord, au centre de ces deux vinyles, qui brassent tous les styles avec brio. Ce premier volume fait la part belle au folk et à la pop.

A l’origine de ce projet, il y a le studio Noize Maker qui a sauvé de la disparition un Farfisa Partner 15. Vous êtes interpellés ? Visiblement, vous n’avez pas été les seuls, puisque les musiciens qui venaient enregistrer dans le studio l’étaient souvent, eux aussi. De fil en aiguille, à force de volonté humaine, de collaborations entre labels, les artistes volontaires décident d’enregistrer une chanson en utilisant l’instrument, ce fameux Farfisa. La plupart sont, comme le studio Noize Maker, basés dans le Nord. Découvertes au pluriel pour moi donc, avec d’un côté des groupes que je connais peu et un instrument… ben pareil pour l’instrument en fait.

Le mélange donne un disque totalement déroutant. Pluriel dans les styles, pluriel dans les ambiances et l’utilisation qui est faite de l’instrument. Des coups de coeur personnels, j’en ai. Dylan Municipal et son utilisation minimale du farfisa, avec voix désincarnée, texte cru et son grinçant, m’a ainsi beaucoup intrigué (ça parle d’adultère : « On a trompé l’ennui, puis elle t’a trompé, toi »). Louis Aguilar, qui a déjà eu une chronique chez nous, fait une utilisation plus ludique, genre fête foraine pour adultes sous Prozac : c’est très bien fait, il décroche la queue de Mickey pour son oeuvre (on peut en rapprocher le titre de Tall Paul Grundy, dépouillé sans excès). Plus classique, le titre de Kowalsky Must Die (« Olivia Meteor ») joue sur le terrain d’une pop sucrée, un peu barbe à papa : à déguster avec modération, pas comme le délicieux titre de Peru Peru (déjà repéré… oui, on a des rédacteurs basés là-haut), subtil et à la structure élaborée avec soin. Les derniers participants apportent quant à eux les dernières épices qui relèvent l’ensemble, avec du sucré (Amélie), du relevé (Gunther Carnival) et surtout cette impression qu’au-delà des différences des groupes se dégage une identité commune qui va plus loin que le farfisa, instrument malléable qui a été le point de départ de ce premier volume de découvertes, intrigant et séduisant.

Volume 2 – Electro/Noise : http://www.popnews.com/popnews/v-a-farfi-z-a-sessions-volume-2

Après un premier volet dit « Pop/Folk », c’est « Electro / Rock » qui est au programme du second volume. Le casting m’est un peu plus connu, et le résultat se révèle encore plus concluant que sur le premier disque. Il y a une variété toujours maîtrisée, des zones d’ombres particulièrement séduisantes (comme Cercueil et son « AFTR D. », qu’on pourrait chanter dans un cimetière un soir de pleine lune sans avoir l’impression d’être hors sujet ou cliché), des morceaux qui flirtent avec la série noire (« No Pan ! » de Narthex et Vladimir, qui offre un numéro d’équilibre entre folie rampante et menace sourde) ou qui réveillent le fantôme du groupe Jack the Ripper (Oui mais Non sur « La morsure ») avec des coups de sang qui succèdent à cette rage en sourdine. Plus léger, voire aérien, Lepolair et Lumincolor avaient eux ouvert le disque sous des formes plus mélancoliques.

Le climat est quand même électrocuté quand arrive la face B et les plus enlevés titres de L’Objet, tout en rythmes saturés, de Shiko Shiko qui garde son énergie intacte et semble s’amuser en semant le Farfisa en notes éparses au milieu des cavalcades de batteries et demi-tours rythmiques.
A chaque fois, l’instrument se tord aux envies des musiciens, tous très inventifs dans la façon de l’utiliser, en premier plan comme en une touche savamment introduite dans leurs univers musicaux, souvent dotés d’une couleur bien marquée. Je me suis surpris à tendre l’oreille pour déceler le Farfisa, et le double objectif (enfin, je le présume) de découvertes à la fois de groupes et d’un instrument emblématique fonctionne à merveille. Sans concessions, ces sessions donnent envie d’en savoir plus sur les groupes présents… et de commander un Farfisa pour Noël ?

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